Suricate Magazine, par Soraya Belghazi.

Inclassable, poétique et délicieusement farfelu, Coco Mocote est de ces albums jeunesse qui échappent aux catégories toutes faites. Accessible dès 4 ans, le livre est aussi adapté aux primo-lecteurs, avec ses onze chapitres qui forment autant de petites aventures. L’ouvrage séduit d’emblée par son ton singulier et par le charme désarmant de son héros : un oiseau né d’un aigle royal et d’une poule, amateur d’aventures… mais surtout de cocooning.

« Dans un bois, au bout d’un chemin bordé de pierres moussues très moelleuses, la petite maison chérie de Coco Mocote, qu’il aime plus que les biscottes… »

Dès les premières lignes, le décor est planté : un univers foisonnant, drôle et tendre, où les mots dansent au rythme des émotions. Chaque chapitre se lit comme une saynète indépendante, mais une continuité se tisse au fil des pages, guidée par la curiosité du héros et ses rencontres.

Petites leçons de vie et philosophie du quotidien

Sous son apparente légèreté, Coco Mocote offre une succession de petits moments de sagesse. Chaque épisode contient une réflexion discrète sur la joie des choses simples, l’art de savourer l’instant présent, ou encore l’importance de l’amitié. On y apprend à remettre un grand départ pour mieux profiter du temps ensemble, à oublier un dégât des eaux pour admirer un arc-en-ciel.

Coco Mocote n’est pas un héros d’action mais d’émotion. Il se parle à lui-même, s’interroge, s’émerveille. Ce rapport intime au monde confère au livre une profondeur inattendue : l’enfant y découvre un personnage qui ressent, contemple, et trouve dans les moindres détails une source d’émerveillement. Les sens sont omniprésents : le bruissement d’un mur qui refroidit à la nuit tombée, l’odeur d’une tarte aux noix qui cuit au four, ou la lumière du matin qui glisse sur les carreaux. La présence de Mousseline, amie aveugle de Coco Mocote, renforce encore cette attention portée aux cinq sens et à l’écoute du monde.

Un univers poétique et délicieusement absurde

Coco Mocote amuse autant qu’il attendrit. Le texte joue sur l’inattendu et flirte souvent avec l’absurde : le héros se cherche et se trouve lui-même au détour d’une partie de cache-cache, fabrique un carnet à partir d’une boîte de biscottes, ou encore cuisine des escargots en chocolat en utilisant les dalles du jardin comme moules. L’humour naît des associations d’idées improbables, des prénoms savoureux – Mousseline, Macroutte ou Magritte Zolzol – et du regard singulier posé sur le quotidien.

Les illustrations, simples et aux couleurs vives, accompagnent joliment cette fantaisie. Chaque chapitre s’ouvre sur un petit médaillon-portrait de Coco Mocote, comme une signature malicieuse. L’ensemble compose un album à la fois drôle et poétique. Ne vous fiez pas à la couverture un peu vintage : Coco Mocote est un album rafraîchissant et plein d’esprit, qui rappelle qu’il n’est jamais trop tôt pour goûter à la philosophie joyeuse du quotidien.